Les fleurs du bien
Moi, hautaine et désagréable, distante et agressive, impériale et seule face à des gens qui ne méritent même pas la moitié de l'attention que je leur porte, aussi négative soit elle ...
Moi, me regardant dans un miroir, et me demandant si, au final, leur inquiétude serait pas justifiée, et si c'est pas autre chose qu'une mauvaise passe, si 10 kilos, ça veut vraiment dire quelque chose ... Si j'vais pas devoir racheter des pantalons, au final ... Mais moi, ne prenant pas ce putain de téléphone pour un tout petit rendez vous chez ce putain de médecin, juste pour l'entendre me dire qu'ils s'inquiètent tous pour rien ... mais si c'était pas rien ?
Moi, jetant des coups d'oeil en coin à ce téléphone ... avec l'impression trés angoissante qu'il va me sauter à la gorge si je l'approche de trop prés ...
Moi, regardant cette feuille blanche, avec la ferme volonté de t'écrire tout ce que je peux penser, le retour du soleil, mes cheveux coupés, la semaine de cours au milieu des vacances, mon semestre que j'ai foiré lamentablement, ma sur-émotivité ... mais n'y arrivant pas. J'arrive plus à écrire, T. ... J'y arrive plus, c'est la panique !
Moi, me faisant lourdé, le sentir arriver mais ne pas bouger, pouvoir écrire cette putain de conversation tellement je sais, et l'écouter quand même, refaire la scène des millions de fois dans ma tête avant de dormir, et pousser les larmes au bord des yeux à force de revivre une douleur qui aurait dû s'exprimer, mais que je n'ai pas laissé sortir quand il fallait ... Et si j'avais fait ça ? Et si j'avais été plus, ou moins, ou pas, ou ... différement ... ou pas à ce moment là ... Et si j'avais attendu d'entendre ce qu'elle allait dire au téléphone ? Et si j'les avais écoutés ? Et si j'étais partie ?
Moi, incapable d'y aller ce matin, alors qu'il avait besoin de moi, alors qu'il a demandé, alors que ce cours ne comptait pas, au final ... moi, emmurée dans ma tête ...
Moi paralysée, juste par une présence ... Clouée au sol. * Il faut que je fasse quelque chose*, mais incapable de bouger *putain mais cogne la !*, j'aimerai bien, ça lui remettrait le cerveau à l'endroit à défaut du coeur ... l'esprit en ébulition mais le corps dans le coma ... le coeur au bord des yeux et l'estomac dans les chaussettes ... le poing qui démange, les bras qui ne bougent pas ... moi frustrée, par mes réactions inexistantes, à la con, incompréhensibles, tellement pas moi ...
Moi, submergée ... quand le barrage cède, quand la vague est trop haute, quand l'arrêter revient à arrêter un train à mains nues (y en a qui ont essayé ...) ... quand mes poumons brûlent mais qu'il faut que je respire quand même ... quand c'est la tempête, la marée haute dans ma tête (TM).
Moi rencontrant trop violemment une bouteille de vodka, et moi le regrettant au moins une fois par jour depuis ... uhm 31+12=43 ... 43 jours, donc ...
Moi, me repassant ma vie, et avoir l'impression que tout ce bordel n'est pas à moi, que c'est l'histoire de quelqu'un d'autre ... espérer trés fort, trop fort, que ça soit celle de quelqu'un d'autre ...
(8) J'te dis ça autant que j'en ris, puisque les mots ne changent pas la vie, penses à moi, penses à moi si t'en as envie ... Je sais à peu prés ce qui m'attend, et même aprés quoi courent les gens, je ne vois plus, ne vois plus rien de trés urgent ... (8)